Bien sûr, il y a eu l'homme sur la Lune en 1969, et c'est cela qui
fait l'Histoire. Mais, il y a quarante ans, en 1957, il y eut aussi Spoutnik. Et il y a huit jours, ont été mis en orbite les cinq premiers satellites de la constellation Iridium, qui doit en compter 66 pour assurer un nouveau service de télécommunications à l'échelle de la planète. Il faut comprendre que «le monde a été transformé par les satellites», insiste Alain Dupas, chargé de mission au Cnes (Centre national d'études spatiales), l'agence française de l'espace, qui vient de publier l'Age des satellites (1). «Ils ont fait exploser les frontières.» A l'époque de Spoutnik, le grand public ne s'est pas rendu compte du changement d'ère. Or, «d'emblée, l'espace a (eu) un statut différent. ["] Son lancement constitue un changement profond dans les rapports entre les nations: sans aucun préavis, aucune consultation, Spoutnik passe au-dessus de la plupart des pays du monde, en particulier des Etats-Unis», rappelle Alain Dupas. L'espace, immédiatement, est donc différent de l'air, des «cieux» qui n'ont jamais été «ouverts» qu'un avion passe au-dessus d'un territoire et il risque d'être abattu. Aujourd'hui, des milliers d'objets sont en orbite, dont des satellites espions capables de déchiffrer le moindre décimètre carré terrestre en particulier les satellites américains, «technologiquement en avance de dix ans sur nous», estime Alain Dupas. Et on n'a encore rien vu. Le projet «modèle» des années à venir, c