On le surnomme «Rocky» et ce n'est pas un petit homme vert.
Pourtant, si tout se passe bien, il devrait, ce soir, ou du moins dès la nuit prochaine, commencer de déambuler sur la planète Mars. Du haut de ses six roues à 30 cm du sol, le petit robot mobile américain (qui a pour vrai nom Sojourner) a l'étoffe des héros. Arrivé à bord de la sonde Pathfinder, plus de vingt ans après les Viking (les sondes, pas ceux de la Normandie), il donne le signal du grand retour à la planète rouge. La Terre (ré) attaque. La conquête repart. Du moins si tout se déroule comme prévu, ce qui est rare sur Mars (lire page suivante). C'est vers 18h 30 que doit commencer le suspense, six (ou douze) heures après une dernière manoeuvre d'ajustement. A 8 500 km d'altitude, la sonde, qui a décollé voilà sept mois depuis cap Canaveral et a foncé pendant tout ce temps à plus de 20 000 km/h, doit directement lâcher un module faussement kamikaze. Une demi-heure plus tard, ce dernier n'est plus qu'à 130 km du sol. Tout se précipite. Dans un freinage d'enfer, l'espèce de soucoupe plonge vers la vallée d'Ares (Mars chez les Grecs), plaine jadis inondée, non loin de l'équateur martien. La décélération est violente. Le module enregistre une gravité impressionnante, lui donnant l'équivalent de 20 fois son poids terrestre. La coque est priée d'absorber ce brûlant coup de poing.
Moins de quatre minutes plus tard, à 10 kilomètres d'altitude, un parachute se déploie. Vingt secondes après, le bouclier thermique est é