Chance, c'est une timide. A votre approche, elle ira se carapater sous les pierres. Mais attention si ses chélicères venaient à vous crocheter la peau. La dérangeriez-vous par inadvertance, alors qu'elle a le ventre noir (1) tourné le ciel, donc quasi invisible au-dessus du sol, et vous risquez de l'avoir mauvaise. Avec son venin «capable de tuer un lapin», selon Christine Rollard, maître de conférences au Museum d'histoire naturelle, la malmignatte peut malmener. Pas de doute, c'est bien «une cousine de la veuve noire américaine», connue, elle, pour avoir envoyé quelques humains ad patres. Notre latrodecte, qui affectionne le sud de la France, la Corse, l'Italie, l'Afrique du Nord, est moins méchante. N'empêche, à cause d'elle, vous pourriez vous retrouver à danser la tarentelle, avec ces mouvements brusques que l'on attribuait jadis à la morsure d'une tarentule. De Latrodectus tredecimguttatus, pour la première fois décrite au XVIIIe siècle par l'Italien Rossi, et qui arbore treize points (rouge-rose pour la femelle, blancs chez le mâle) sur fond noir, il faut se méfier. C'est l'araignée la plus dangereuse sur notre territoire, hors les spécimens genre mygales, irraisonnablement importés des tropiques.
Croqueuse de mâles. Elle est «discrète, plutôt nocturne». Ne cherchez pas sa toile, qui n'a rien de la belle géométrie concoctée par les épeires. Il y a des chances pour qu'elle ait «tissé son réseau au pied de quelques plantes», efficace pour coincer les fourmis, les petits