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Interview

Interview de Stephen Jay Gould, héritier du darwinisme. «L'homme,cet accident cosmique». Pour le paléontologue américain Stephen Jay Gould, le progrès est un mythe. Et l'être humain, en dépit de son gros cerveau, n'est pas le but de l'évolution.

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publié le 16 septembre 1997 à 8h13

La science l'avait quasiment condamné. La science lui «a apporté le

réconfort». Il y a quinze ans, le paléontologue américain Stephen Jay Gould apprend qu'il est atteint d'un cancer rare et «irrémédiablement fatal». Le verdict est effrayant: «survie médiane de huit mois». Pourtant, aujourd'hui, Gould est plus que jamais là, vivant et souriant. La semaine dernière, à Paris, il enchaînait les interviews à l'occasion de la sortie de son dernier livre L'éventail du vivant (1). Où il explique justement, démonstration et graphiques à l'appui, qu'on ne saurait badiner avec les statistiques, les moyennes, les tendances (lire ci-contre). Et de montrer que ce constat ne vaut pas seulement pour son «histoire personnelle» (il en a fait le titre de son 4e chapitre) mais pour toute l'histoire de la vie. «Mes connaissances en statistiques et en histoire naturelle m'avaient appris à traiter la totalité des variations comme une réalité fondamentale et à me méfier des moyennes, qui sont en définitive des mesures abstraites, inapplicables à un individu particulier ["]», explique le paléontologue. Et d'en tirer au moins deux leçons. D'abord, ne pas traduire: «survie médiane de huit mois» par: «je serai très probablement mort dans huit mois». Ensuite, écrire un livre où il serait question de tout l'éventail du vivant, et de toutes les erreurs d'interprétation à éviter lorsqu'on parle d'évolution. Et voici Gould affirmant, plus serein que jamais, que l'homme, malgré son grand nombre de neurones