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Interview

«Demain, les machines auront des sentiments»

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Jusqu'où ira l'intelligence des ordinateurs? Réponse de Daniel Crevier, professeur à l'université du Québec, spécialiste de l'intelligence artificielle.
publié le 30 septembre 1997 à 9h04

Fini la compétition. Deep Blue, le super-ordinateur d'IBM qui a battu Gary Kasparov aux échecs le 11 mai, va uniquement se consacrer à la recherche pure, a annoncé la compagnie américaine la semaine dernière. Le champion russe, qui ne pourra pas réaffronter la machine, contrairement à ce qu'il désirait, s'est immédiatement déclaré «très déçu». Quant au grand public, qui ne pourra être témoin d'une revanche, il reste le bec dans l'eau. Et continue à se demander si les machines sont vraiment les plus fortes (1).

Après la victoire de Deep Blue, nombre d'experts ont répété qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler. Si la machine d'IBM a gagné, c'est parce que le jeu d'échecs ­ à l'instar d'autres jeux, comme le backgammon, les dames, le morpion" ­ fait l'affaire des machines. Ce sont des activités très codées, aux règles archiprécises trouvant aisément traduction en langage d'ordinateur. Seulement voilà, tout le monde n'est pas d'accord. Attention, écrit ainsi peu ou prou Daniel Crevier, professeur à l'université du Québec, dans son livre A la recherche de l'intelligence artificielle (2). Si la plupart des ordinateurs d'aujourd'hui sont encore «idiots», cela ne va pas durer. Bientôt, «par certains points, les machines seront plus intelligentes que nous». Et notre problème, à nous humains, sera de «garder le contrôle sur elles». HAL, l'ordinateur paranoïaque et méchant de 2001, Odyssée de l'espace, existera-t-il donc un jour?

Deep Blue, l'ordinateur qui a battu Kasparov mais ne reprendra pas la compétition, est-il intelligent ?

Oui, on peut dire qu'il se rapproche un peu du comp