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Y a-t-il une vie après le prix Nobel? Le syndrome de Stockholm. Recevoir le plus prestigieux des prix,ça change un scientifique. L'émotion passée, certains présentent même des traumatismes qui vont de la grosse tête au délire.

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publié le 7 octobre 1997 à 11h26

Le protocole est immuable. Le roi et la reine de Suède trônent au

pied du podium sur lequel se tiennent, raides comme la vertu, les lauréats. Sonneries. L'assistance s'incline, chacun des élus descend de l'estrade et reçoit de la royale main une médaille en or, un chèque de quelques millions de francs (1), et l'assurance d'entrer dans l'histoire de la science. Watson, Dausset, Barton, Rubbia, Sanger, Guillemin... Depuis 1901, ils sont quelques centaines à peine à avoir siégé en héros dans ce Palais des concerts de la capitale suédoise pour y recevoir le prix le plus convoité du monde scientifique, le Nobel. Une consécration et une révolution. Car pour tous, la vie, après Stockholm, n'a plus tout à fait le même goût. «Le prix Nobel est bon pour la science, terrible pour les chercheurs», disait un ancien président de la Fondation Nobel. Retour, avec les lauréats, sur l'onde de choc.

L'annonce Une bombe, c'est bien le premier effet du Nobel qui récompense généralement une découverte faite des années plus tôt. Michael Brown (médecine, 1985) apprend la nouvelle par le coup de fil d'une journaliste qui le «réveille à 6 heures du matin». Carlo Rubbia (physique, 1984) entend son nom «jaillir de la radio d'un chauffeur de taxi milanais». Thomas Cech (chimie, 1989), s'est vu passer dans un trou de l'espace-temps. «J'étais à Harvard pour recevoir un autre prix. On m'avait murmuré: "Dix ans après ce prix-là, on a de bonne chances d'avoir le Nobel. Je l'ai eu le lendemain.» Surprise fr