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Analyse

Dinosaures. Désosser le mythe.

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Comment, depuis un siècle et demi, la fascination pour les «terribles lézards» n'a cessé d'enfler.
publié le 22 octobre 1997 à 10h25

Encore eux? 65 millions d'années qu'ils ont disparu, et ils jouent l'éternel retour. Avec leurs gueules dentues dégoulinant de sang, leurs griffes labourant les chairs des victimes, leur queue jouant du fouet, ils fascinent. Avec leurs noms de Diplodocus, Compsognathus ou encore Vélociraptor, Tyrannosaure, Stégosaure, et aussi Troodon, Iguanodon, ils ensorcellent... Depuis leur invention il y a 150 ans, les dinosaures ­ qui ont eu la si géniale idée de s'éclipser­ sont devenus des monstres fabuleux. Des bêtes à faire courir les chasseurs de fossiles, à faire fantasmer dans les foyers. Hier surtout au musée, aujourd'hui dans de multiples livres et sur les écrans. Hier objets d'anatomie, aujourd'hui traqués jusque dans leur mode de vie. Le commencement, pourtant, fut tâtonnant. Ces bouts de squelette n'auraient-ils pas appartenu à des géants antédiluviens, à des dragons des temps mythiques, se demandait-on? Et puis la réalité scientifique s'imposa, et ce fut pire. Le gibier déterré se métamorphosa en «terrible lézard», selon le terme forgé en 1841 par le Britannique Richard Owen. Non, ce n'étaient pas de fuyants iguanes, mais des titans. Des animaux redressés dont certains furent les premiers, sur cette planète, à marcher sur deux pattes. 230 millions d'années avant nous. La légende n'allait cesser d'enfler.

La démesure. Le jour où, aux Etats-Unis, il se révéla, centaines d'os à l'appui, qu'un Diplodocus faisait ses 18 tonnes au garrot, les chasseurs redoublère