Et si l'arche de Noé avait été au complet? Elle a beau fleurer le suranné, cette explication n'en a pas moins été évoquée à propos de la disparition des dinosaures, voilà 65 millions d'années. D'ailleurs, rien de ce qui est insolite, cocasse, voire franchement bouffon, ne leur aura été épargné. On a dit les pauvres grosses bêtes atteintes de rhume des foins, d'allergies, de mort par overdose de plantes toxiques, d'une réduction du cerveau entraînant un excès de stupidité, quand ce n'est pas du côté des testicules qu'on est allé les ausculter: ces organes cruciaux et ô combien sensibles aux changements de température n'auraient-ils pas pâti d'une nocive transformation du climat? Comme l'écrivait en 1975 le paléontologue du Muséum Léonard Ginsburg, qui avait déjà recensé pour le magazine Sciences et avenir près de quarante hypothèses sur la mort des dinosaures, «on se demande si elles ne révèlent pas en fait une autre extinction: celle de l'esprit scientifique».
Rassurons-nous, plus de vingt ans après, on redonne dans le sérieux, le scientifique, en un mot le vérifiable. Fini les misérables hypothèses ad hoc qui ne font disparaître «que» les dinos, oubliant que bien d'autres espèces, moins médiatiques, ont aussi quitté les lieux à cette jonction Crétacé-Tertiaire. Disparu les Ptérosaures, immenses reptiles volants qui peuplaient le ciel. Disparu les Plésiosaures et Mosasaures, grands reptiles marins. Disparu les ammonites. Disparu ou presque (à 95%) le microplancton. Bref, s'il