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Libération

La cage aux virus

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Dans un caisson étanche, des chercheurs déguisés en astronautes manipulent délicatement des échantillons. L'air est filtré, l'eau stérilisée. Car l'unité de sécurité biologique niveau 4 abrite une collection singulière: les virus mortels.
publié le 28 octobre 1997 à 10h48
(mis à jour le 28 octobre 1997 à 10h48)

D'abord pousser la première porte du premier sas, quitter ses vêtements et passer dans le deuxième. Revêtir alors la tenue réglementaire. Compter vingt à quarante minutes de préparation pour franchir ces deux sas en surpression, où l'air filtré et analysé tombe du plafond comme un rideau purifiant. Puis voilà la petite pièce aux murs jaunis où la soufflerie incessante renouvelle l'air toutes les vingt minutes. Conditionnés dans un triple emballage absorbant, désinfectant et étanche, «c'est ici qu'arrivent les échantillons de sang infectés et les virus pour être analysés et diagnostiqués», explique Bernard Le Guenno, directeur du Centre de référence des fièvres hémorragiques virales (FHV) de l'Institut Pasteur à Paris. Une salle protégée par des séries de filtres qui retiennent 99,999% des particules, dont tout ce qui sort est stérilisé, ensaché et scellé. Vingt-quatre mètres carrés sans un grain de poussière. Ultra-propres. Mais qui abritent les virus les plus dangereux du monde: les africains Ebola (80% de mortalité) et Lassa (60% de mortalité), Sin Nombre isolé en pays navajo en 1993 (50% de mortalité)...

Nom de code: P4. Le laboratoire de l'unité de recherche des fièvres hémorragiques virales de l'Institut Pasteur vient enfin d'obtenir un permis de construire qui le mettra aux dernières normes. Bernard Le Guenno, son directeur, l'attendait depuis quatre ans. «Ce genre d'équipement est indispensable. Il y a eu des accidents. Comme celui qui a coûté la vie à un chercheur de