Finalement, ce n’était pas un abus de langage. Le membre viril est bien un membre comme les autres. Comme le bras ou la jambe par exemple. C’est la science qui vous le dit. Et plus précisément, la génétique du développement. De là à en déduire, comme la très sérieuse revue Nature dans son édition du 6 novembre, que «les blagues salées sur la valeur prédictive de la taille des chaussures pourraient avoir du vrai, finalement», c’est un point sur lequel Denis Duboule, généticien à l’université de Genève, refuse de se prononcer. Le chercheur suisse vient pourtant de prouver que ce sont les même gènes qui font pousser les tubercules des doigts et des orteils et ceux des organes génitaux externes (pénis ou clitoris), lorsqu’ils sont encore à l’état de bourgeon chez l’embryon. «Une histoire fascinante, même si les gens la prennent à la rigolade», assure-t-il.
L'affaire n'est pas totalement surprenante pour les généticiens, qui savaient déjà que le développement des deux systèmes était lié. Entre autres à cause du «hand-foot-genital syndrome», une malformation congénitale humaine qui atteint les doigts et le sexe. Mais c'est grâce à des souris que l'équipe de Denis Duboule a identifié précisément les responsables. Ce sont des gènes de la famille «Hox», souvent considérés comme les gènes architectes de l'embryon. En inhibant le fonctionnement de ces gènes chez les petits rongeurs, les chercheurs ont en effet obtenu des embryons qui n'avaient pas plus de pénis