Pour les sismologues, les roches sédimentaires étaient des lieux à
haut risque. Leur réputation va changer. Lors des légers séismes, on avait en effet constaté que les terrains sédimentaires avaient tendance à amplifier l'effet des secousses. Edward Field, du département de science de la terre de l'université de Californie du Sud, vient de découvrir, que lors de tremblements de terre plus violents, les sédiments ont un comportement plus modéré. En creusant les données enregistrées pendant le tremblement de terre californien de 1994, le chercheur américain a confirmé ce qu'il soupçonnait (1). Lors des plus forts séismes, les mouvements des sols sédimentaires sont en fait deux fois moins importants que prévus.
C'est leur nature élastique et molle qui veut ça. Quand la terre gronde, leur élasticité et leur légèreté propagent très efficacement les ondes sismiques, leur mollesse fait caisse de résonance et augmente l'amplitude des vibrations à la surface. Mais, lorsque le ton monte et que le rythme s'accélère, que les ondes sismiques sont nombreuses et importantes, les sédiments ne suivent plus. Ces roches sont dépassées, fatiguées. «Plus elles ont de vibrations à transmettre, moins elles sont capables de les diffuser. Les sédiments saturent», confirme Pascal Bernard de l'Institut de physique du globe de Paris. Alors, ces roches encaissent l'énergie qu'elles reçoivent, se déforment et amortissent ainsi les mouvements du sol. «Un peu comme si l'on donnait un coup de pied dans un t