Comment produire une photographie la plus exacte possible du savoir
contemporain? Le Trésor, réalisé sous la direction de Nayla Farouki et Michel Serres (philosophes et historiens des sciences) propose sous la forme d'un «dictionnaire des sciences», des entrées aussi «éloignées» qu'«aberration» (aux occurrences chromatique et géométrique), «complémentarité» (utilisée en chimie, en électromagnétique et en logique), ou énergie» (qui appartient, entre autres, aux langages de la thermodynamique et de la physique des particules).
Mais les auteurs ne prétendent pas effectuer, comme les Encyclopédistes du XVIIIe siècle, une synthèse historique ou épistémologique de toutes les connaissances que l'humanité aurait pu rassembler sur le vaste monde réel. Conscients qu'il n'existe pas de «réalité ultime», ils proposent une géographie pertinente de la vision «actuelle» que l'on peut se faire du monde de la science, c'est-à-dire du monde que «voit» la science, et du monde qu'«est» la science. Les puristes et pointilleux trouveront toujours à redire, dès lors que l'entreprise se déclare vulgarisatrice. Et bien sûr l'«honnête homme» aura matière à exprimer son mécontentement, à la rencontre d'exposés austèrement algorithmiques. S'il est pourtant aisé de saluer le Trésor comme une réussite, c'est parce qu'il est fondé «en philosophie», par une explicitation claire de ses objectifs et de ses limites.
Ainsi, les «thèmes» abordés sont-ils l'astronomie, la biochimie et la chimie, la génétique, l'i