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Libération
PORTRAIT

Graig Venter, l'idole des gènes

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publié le 20 janvier 1998 à 16h31
(mis à jour le 20 janvier 1998 à 16h31)

Sans se vanter, Craig Venter a tout réussi. En quinze ans, le biochimiste américain est devenu l'empereur de la génétique à grande vitesse. En décodant le premier une bactérie, il a déclenché une ruée mondiale sur les microbes. Et Tigr, son labo-usine du Maryland, attire dans ses griffes des millions de dollars.

Rockville (Etats-Unis), envoyée spéciale.

Craig Venter n'est pas un homme que la modestie étouffe. Ça agace, des deux côtés de l'Atlantique, il le sait et il en sourit. «J'ai des ennemis, des jaloux, oui, mais le fait est que je n'ai pas de concurrent sérieux. Ni aux Etats-Unis, ni ailleurs, dit-il. Je ne me contente pas d'avoir de bonnes idées. Je les réalise. Ainsi, c'est vrai, je collectionne les premières.»

Jambes croisées, une basket oscillant nonchalamment au-dessus de l'un des deux grands caniches noirs, impeccablement tondus, qui se partagent les épais tapis de son vaste bureau, Craig Venter parle avec l'aplomb tranquille de celui qui, d'une pichenette bien pensée, a terrassé plusieurs dragons.

S'il était dans l'industrie ou la finance, son visage poupin au regard bleu horizon aurait fait la une de Forbes, le magazine des multimilliardaires. Il est biochimiste et peut s'enorgueillir d'avoir fait passer la génétique «de l'âge de la charrue à celui du moteur à explosion», trouvant le moyen, en l'espace d'une décennie, de pêcher les gènes à la chaîne, d'être au coeur de la polémique mondiale sur le «brevetage» des gènes humains et de révolutionner l