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Libération

Prothésix le Gaulois. La première fausse dent en métal retrouvée dans la bouche d'un homme mort au Ier siècle avant notre ère.

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publié le 20 janvier 1998 à 16h31

On ne connaît pas son nom. Pas plus sa profession. On sait juste

qu'il fut inhumé à la fin du Ier siècle avant notre ère, en toute modestie. A même la terre, avec une cruche et un gobelet. Et pourtant, cet homme, sans doute un banal Gaulois qui devait avoir la trentaine, fut un pionnier: le premier à porter une fausse dent! Et pas de ces babioles en os ou en corne dont les riches de Rome se faisaient alors des bridges pour faire beau. Pas plus de ces prothèses en or maintenues avec des ligatures comme on en porta au Moyen Age. Non, un véritable implant, avec du tissu gingival qui l'avait bien enserré. Une vraie fausse dent en fer (!) qui, si elle est aujourd'hui rouillée, s'est, pendant dix-neuf siècles, fort bien maintenue dans la mâchoire (1).

«C'est l'archéologue Louis Girard qui a découvert le crâne de cet homme il y a quelques années. Il nous l'a apporté, très intrigué par la prémolaire en fer. Les rayons X ont confirmé qu'il s'agissait bien d'un implant», s'esbaudit encore l'anthropologue Pascal Murail. L'enquête sur cette étonnante trouvaille était lancée. Provenance: la nécropole de Chantambre dans l'Essonne où, du Ier au Ve siècle, on a, au mépris de la coutume d'alors ­ la crémation ­, inhumé 500 squelettes. «Sans doute les membres d'une petite communauté rurale de 80 âmes et manifestement peu romanisée», explique le chercheur du CNRS. Des paysans, mais avec un forgeron: «Il a dû mouler cette dent à chaud! Avoir l'original entre les mains, tant elle s'est bien collée