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Enquête

El Niño grande

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Pérou, Indonésie, Somalie... le dérèglement périodique du climat autour du Pacifique qui commence seulement à refluer aura, cette année, battu des records d'intensité. Mais on a aussi eu tendance à le rendre coupable du moindre aléa météo. Enquête à charge et à décharge.
publié le 27 janvier 1998 à 17h03

Le Niño du siècle, c'est lui. Terrible «enfant Jésus» qui sème la panique depuis l'an dernier dans le Pacifique. Coupable tout à la fois de déluge et d'extrême sécheresse. Plus fort dans sa version 97-98 que celui de 82-83, qui s'était déjà illustré par une cascade de dégâts estimés à plus de 13 milliards de dollars (78 milliards de francs). «Presque tous les indices du Niño 1997 ­ anomalies de température de l'océan, différences de pressions atmosphériques ­ sont un peu au-dessus des records de 1982», assure l'océanographe Yves du Penhoat de l'Orstom (1). L'un des chercheurs qui dès l'été dernier annonçait, après mesure du niveau de l'océan, de sa température, des vents et de l'humidité atmosphérique (2), le retour du méchant. El Niño grande. Mais après un pic en décembre, le mois de janvier signe le reflux, un lent retour à la normale prévu pour juin: «C'est net, il décline», annonce cette fois Yves du Penhoat. Entre décembre et janvier, sa zone d'action sur le Pacifique s'est réduite de 40% Enfin! Car El Niño 1997-1998 a méchamment cogné. Faut-il pour autant lui imputer tous les maux de la météo?

Coupable Les principales victimes du Niño de l'année sont les côtes du Pacifique. Pérou, Chili, Equateur, Colombie, le quatuor sud-américain a passé une partie de 1997 les pieds dans l'eau. Logique: au-dessus des eaux chaudes d'El Niño, l'atmosphère est saturée de vapeur et les nuages ont envahi des cieux habituellement bleus. Trombes d'eau sur Quito. Santiago plu