C'était pourtant bien parti. Un ministre collègue. Couvert
d'honneurs académiques de surcroît. Qui parle de «liberté du chercheur». Qui augmente les crédits des laboratoires au détriment des «grands programmes» et des grosses machines. Qui parle réforme, efficacité, débureaucratisation. Il y avait bien un caractère jugé un tantinet impulsif, mais la ligne de crédit était largement ouverte.
Et patatras! Les chercheurs du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) manifestent (1), les directeurs d'unités à l'Inserm pétitionnent (2), la direction du CNRS émet des doutes quant à la mission qu'on lui a confiée" Le mammouth Allègre serait-il en train de casser la porcelaine du magasin de la recherche?
La crise de confiance n'est pas affaire de sous. C'est plutôt un problème de manche à balai. Qui doit piloter la recherche et dans quelles directions? Question à 50 milliards le budget public de recherche civile à laquelle la France répondait par des organismes dotés de chercheurs, de laboratoires et de crédits: CNRS, Inserm, CEA" Face à l'émiettement des universités et à leurs faiblesses en recherche, ces organismes ont de quoi mettre en oeuvre, des orientations scientifiques.
C'est cette manière de faire que Claude Allègre semble vouloir mettre en cause. Sous le prétexte du rapprochement avec l'Université, c'est la transformation des organismes en simples agences de moyens, distribuant des crédits aux universités, qui pointe son nez. Du coup, qui va décider des priorités scientifique