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Libération
Interview

Quand le moustique arrive en vrille.

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Pour le biologiste brésilien Fernando Pires, les épidémies se propagent au rythme de l'urbanisation des pays pauvres.
publié le 27 janvier 1998 à 17h03

Choléra, fièvre jaune, paludisme... Dans le tiers monde, les maladies infectieuses restent la première cause de mortalité. L'apparition à Hong-kong d'une nouvelle souche de virus ­ la grippe du poulet ­ qui a mis l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le pied de guerre a ranimé les craintes d'un fléau incontrôlable. Sait-on aujourd'hui prévoir l'émergence de nouvelles épidémies? Cette question, qui sera débattue lors de la Semaine de la science organisée jusqu'à samedi à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), est au coeur des recherches menées par Fernando Pires, spécialiste brésilien de l'écologie des maladies tropicales à la Fondation Oswaldo-Cruz (Rio). Entretien avec un biologiste qui a traqué au Brésil, au Pérou et en Bolivie, «les relations entre environnement et épidémie».

Assiste-t-on aujourd'hui à une explosion des épidémies?

Il faut d'abord s'entendre sur la définition du mot «épidémie». Ce n'est pas un concept médical, mais mathématique. L'OMS déclare qu'il y a épidémie à partir du moment où l'on constate un nombre de cas supérieur à ce qui est considéré comme normal dans un lieu donné à une saison donnée. Il y a des centaines de cas de choléra au Brésil chaque année sans qu'on parle d'épidémie, car la maladie s'y est installée à un niveau constant, endémique. Mais l'observation à Paris de deux cas de choléra «non importés» oblige à déclarer l'émergence d'une épidémie. Ainsi, si l'annonce d'un nouveau fléau est toujours spectaculaire, elle ne doi