Roslin (Ecosse), envoyée spéciale.
Dolly est-elle vraiment la copie d'une brebis adulte? La question est sulfureuse. La bête est le seul clone de mammifère adulte obtenu à ce jour. Si elle n'est pas ce qu'elle est supposée être, alors, le débat mondial sur l'avenir du clonage humain vaut celui sur le sexe des anges... Vittorio Sgaramella, de l'université de Calabre à Cosenza (Italie) et Norton Zinder, de l'université Rockfeller à New York, ont osé semer le doute dans une lettre publiée le 30 janvier par l'hebdomadaire américain Science. Ils estiment que les chercheurs d'Edimbourg n'ont pas donné suffisamment d'éléments scientifiques permettant d'établir la vraie nature de Dolly.
Selon la procédure décrite par l'équipe d'Edimbourg, Dolly est le produit d'un bricolage sans précédent: une cellule de peau d'une brebis de 6 ans «féconde» un ovule vidé de ses chromosomes. Logiquement, l'agnelle née de cette «rencontre» possède le patrimoine génétique apporté par la cellule de peau, qui est celui de la vieille brebis. Mais, selon les deux chercheurs contestataires, les choses pourraient être plus compliquées. La cellule de peau, soulignent-ils, provient d'un bout de glande mammaire prélevé sur une brebis enceinte, qui a ensuite été cultivé in vitro. Or, on sait que les cellules d'un foetus peuvent passer le placenta, circuler dans le sang et gagner des tissus de la mère. Le prélèvement de glande mammaire a donc pu contenir des cellules foetales. Si c'est l'une d'entre elles qui a «f