Roslin (Ecosse), envoyée spéciale.
«Et voici... Dolly!» William Ritchie, embryologiste à l'Institut Roslin, s'arrête, bras tendu vers l'animal, le sourire pétillant de fierté. La présentation était superflue. Une bonne cinquantaine d'ovins des deux sexes ont le gîte et le couvert dans la bergerie de l'Institut Roslin, un immense hangar en préfabriqué. Mais Dolly, le célébrissime clone de brebis adulte, est reconnaissable entre tous. Alors que ses voisins broutent, indifférents aux deux bruyants bipèdes qui s'avancent dans la travée, elle seule bondit, toute mastication cessante, les deux pattes avant sur le muret de son box, et redescend aussi sec tendre son cou aux caresses. «Des gratouillis sur l'oreille, c'est ce qu'elle préfère, conseille William Ritchie. C'est l'animal le plus extraverti que je connaisse, je parie qu'elle sourit quand arrive quelqu'un. Je lui ai donné tant d'amuse-gueule pour qu'elle fixe les caméras...» C'était il y a un an, Dolly avait 8 mois et le monde venait d'apprendre l'existence de l'animal scandaleux, première «reproduction» d'un mammifère adulte, préfiguration vertigineuse du clonage de l'homme par l'homme. Graines de révolution. Aujourd'hui, le silence est retombé sur l'Institut lové dans les vallons du sud d'Edimbourg. La ferme et les laboratoires sont pratiquement fermés à la presse, les photos de Dolly interdites. Pour que prospèrent en paix les recherches et la brebis fétiche. Dolly est énorme, la panse laineuse débordant généreusement d