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Libération
Interview

«Le danger, c'est l'amélioration génétique». Pour le biologiste Lee Silver, les techniques de reproduction obéiront à la loi du marché.

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publié le 17 février 1998 à 18h18

Dans Remaking Eden, le livre qu'il vient de publier aux Etats-Unis,

Lee Silver, biologiste à l'université de Princeton (New Jersey), explique que le clonage humain est inévitable.

Y a-t-il, pour vous, de bonnes raisons de cloner des êtres humains?

Je préfère retourner la question. Y a-t-il de bonnes raisons de ne pas autoriser certaines personnes à avoir des «enfants biologiques», à qui ils transmettent leurs gènes? Je ne dis pas que le clonage soit forcément bon. Mais il existe des situations où, pour des parents qui veulent un enfant «biologique», c'est la seule solution. Par exemple les couples où l'homme et la femme sont stériles. Ou ceux où l'homme est stérile et refuse d'utiliser le don de sperme. Ou encore les couples devenus stériles après la naissance d'un premier enfant. Je pense aussi aux enfants atteints de leucémie qui ont besoin d'un don de moelle. Aujourd'hui déjà, il arrive que les parents conçoivent un deuxième enfant pour avoir un donneur compatible à 50%. Pourquoi ne pas faire un clone pour avoir un donneur compatible à 100%?

Vous affirmez dans votre livre que le clonage se fera de toute façon? Aux Etats-Unis en tout cas. Ici, la santé est contrôlée par des compagnies privées, pas par l'Etat. C'est la loi du marché qui domine, et aucun contrôle, aucune réglementation ne pourront empêcher le clonage. Cela dit, je ne pense pas qu'il sera demandé par beaucoup de monde. Et je ne crois pas non plus au clonage de masse par des Etats. Pour moi, le vrai problème, c