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Libération

JoAnn Burkholder contre les lobbies. Ses travaux sur la «Pfiesteria» lui ont valu un prix scientifique. Plus l'animosité des industriels et des éleveurs de la région.

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publié le 17 mars 1998 à 20h36

Philadelphie envoyé spécial

Avec sa jupe à carreaux bien sage, ses chaussures plates, JoAnn Burkholder n'a rien d'une pasionaria. Pourtant à 44 ans, ce professeur d'écologie marine de l'université de Caroline du Nord, qui rougit facilement et a le trac chaque fois qu'elle doit parler en public, est devenue en 1997 une star médiatique. Elle a été invitée à Sixty Minutes sur CBS, People lui a consacré plusieurs pages et l'histoire de sa traque de la Pfiesteria piscicida, alias «la cellule infernale», est devenue le sujet d'un livre qui a fait sensation (1). Le mois dernier, ses pairs de la puissante American Association for the Advancement of Sciences, réunis à Philadelphie, lui ont décerné leur prix annuel pour la Responsabilité et la Liberté scientifique. «C'est fabuleux, confiait-elle à la veille de la remise du prix. La communauté scientifique reconnaît que j'ai fait ce que je devais faire.» JoAnn savoure son heure de gloire. Surtout après avoir été la cible d'attaques très violentes, depuis qu'elle avait, la première, décrit le mystérieux organisme «tueur de poissons» dans un article publié par la revue Nature en juillet 1992. «J'ai été traitée de charlatan, de folle, accusée de truquer mes expériences et de coucher avec mes étudiants. J'ai même reçu des menaces de mort anonymes, dit-elle. Ça s'est un peu calmé, mais ce n'est pas complètement terminé.» Sans compter ses ennuis de santé ­ asthme chronique et problèmes immunitaires ­, qu'elle attribue au fait d'avoir été exp