A vue de nez, l'expérience est un peu triviale. Pas les résultats.
En faisant respirer à des femmes de la transpiration prélevée sous l'aisselle d'autres femmes, deux chercheuses de l'université de Chicago (Illinois), Kathleen Stern et Martha Mc Clintock, ont trouvé la réponse à une question que les biologistes se posaient depuis des dizaines d'années. Elles ont montré que l'être humain, comme l'abeille et l'éléphant, émet et détecte des phéromones, ces messages chimiques diffusés dans l'air et qui agissent directement sur les sécrétions hormonales et le comportement, sexuel en particulier (1). Pendant très longtemps, les scientifiques ont considéré que l'absence de phéromones chez l'homme marquait «le passage de l'animalité à l'humanité», explique Rémy Brossut de l'Inra (2). Et puis, des observations de plus en plus nombreuses ont suggéré que l'être humain n'était pas tout à fait étranger aux relations olfactives. Parmi les plus convaincantes, les études montrant qu'une mère reconnaît entre mille l'odeur de son bébé, et vice versa. Ou encore les expériences américaines indiquant que les femmes, à l'instar des souris femelles, préfèrent l'odeur des mâles qui ne leur sont pas apparentés... Synchronisation. Jusque-là, rien d'étonnant. Après tout, l'être humain est un généreux producteur d'odeurs. Avec ses trois millions de glandes sudoripares, ses glandes apocrines (aisselles, nombril et pubis), ses organes génitaux et son cuir chevelu, il diffuse dans l'air des centaines de