Ils sont des milliers à dormir, confits dans de l'ambre jaune miel.
Une mouche mâle, suceuse de pollen, dont le sexe est bizarrement agrémenté de touffes de poils et de sortes de griffes destinées à maintenir la femelle. Un insecte étrange, mi-blatte mi-mante religieuse, qui défie les classifications. Deux moucherons, englués en plein acte d'amour. Mais aussi des fourmis, des guêpes, des termites" Toutes inconnues. Curieuses petites créatures surprises il y a 54 millions d'années par une coulée de résine. Et qui, parfois, ont tenté de se débattre, à en croire les bulles qui se sont formées lorsque le liquide collant s'est durci.
C'est un trésor paléontologique qui gît dans une sablière de Picardie, près de Creil. Un bestiaire menacé de disparaître sous les eaux de la nappe phréatique, au grand dam d'André Nel et du professeur Jean-Jacques Menier. Deux entomologistes du Muséum d'histoire naturelle de Paris qui, depuis mars 1997, à leurs frais, à la pelle, à la pioche et au tamis de maçon, ont exhumé une paléohistoire qui commence aux lendemains de la mort des dinosaures.
Poil à pou. Là, à cette époque, la mer était proche, le climat chaud et humide. En bordure d'un fleuve se dressait une forêt. De la résine a coulé des arbres, emprisonnant, de-ci de-là, des petits insectes, mais aussi des feuilles, des fleurs, du duvet d'oisillons et même un poil de mammifère avec un pou agrippé dessus! Les morceaux d'ambre ont dû rester coincés dans un bras mort du fleuve. Et si, au paléolithiq