Ils scintillent, immobiles, comme des étoiles. Morts. Ce sont des
spermatozoïdes, projetés sur le fond noir de l'écran relié au microscope de Françoise Roques. La jeune femme les a tués d'une larme de formol pour qu'ils cessent enfin de frétiller et qu'elle puisse les compter posément, selon les règles codifiées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «Là, j'ai affaire à du sperme très pauvre, moins de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre. Je vais préciser la numération», annonce-t-elle en plongeant sur le binoculaire. oeil d'experte. Françoise Roques est technicienne dans le service de biologie de la reproduction de l'hôpital Cochin, à Paris. Un laboratoire attaché au Centre d'études et de conservation des oeufs et du sperme humain, le Cecos, dirigé par Pierre Jouannet. Où l'on ausculte la semence de l'homme pour diagnostiquer l'infertilité masculine, sélectionner les candidats au don de sperme en vue d'insémination artificielle ou de fécondation in vitro. Et, où l'on surveille l'évolution de la qualité du sperme humain.
Depuis les années 70, la question resurgit avec l'entêtement du serpent de mer: le sperme humain deviendrait-il de plus en plus pauvre en spermatozoïdes? Certains épidémiologistes s'affrontent à coups de statistiques, d'autres cherchent, dans l'environnement, ce qui pourrait bien causer un éventuel déclin de la semence humaine, tandis que les biologistes de la reproduction pointent une urgence: traquer les mystères de la fabrication des sperma