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Libération

A Palembang, en Indonésie, des archéologues ont retrouvé une ville des «Mille et Une Nuits». Sriwijaya, la cité engloutie

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par Olga PRUD'HOMME
publié le 14 avril 1998 à 1h00

Palembang envoyée spéciale

Sur une des rares pelouses du centre-ville bordant le fleuve, le site est ombragé par les fleurs rouges d'un épais flamboyant. Mais à plus de trois mètres de profondeur, largement en dessous du niveau de la nappe phréatique, le terrain ressemble plus à une piscine qu'à un terrain d'études archéologiques. «Tous les matins, on passe deux heures à pomper. Puis, toute la journée un vide- cave aspire l'eau pour assurer le séchage des carrés de fouilles», explique Pierre-Yves Manguin, archéologue de l'Ecole française d'Extrême-Orient, initiateur des recherches et désormais incollable sur les pratiques de fouille en contexte «ripuaire» (au bord d'une rivière). Dans cet environnement et avec un climat perpétuellement humide, seuls les vestiges profondément enfouis se conservent. La scène se passe à Palembang, capitale de la province indonésienne de Sumatra-Sud, où vivent aujourd'hui plus d'un million de personnes. Les constructions immobilières ont recouvert le moindre espace, la plupart des canaux et rivières d'antan ont été comblés. L'habitat traditionnel sur pilotis et sur radeaux de bois a pratiquement disparu. Et «notre site de fouilles est au milieu d'un trafic intense», résume l'archéologue. D'un côté, derrière une grille, un terminus de bus encombré et bruyant, et de l'autre, à la surface du fleuve Musi large de 300 mètres, des dizaines de barques se croisant continuellement. Quand les recherches ont commencé en 1974, des archéologues américain