C'est une histoire de vol où les ailes n'ont pas le premier rôle.
Pour comprendre par quel mécanisme les mouches sont capables d'esquiver une claque en plein vol ou de virer à 180° pour suivre un autre insecte sans perdre l'équilibre et sans s'écraser au sol, Michael Dickinson, du département de biologie de l'université de Californie à Berkeley, a commencé par leur fixer les pattes dans la colle. Puis il leur a projeté de quoi stimuler leur système visuel sur un écran animé. Pendant que ses petites mouches bleues réagissaient, il a enregistré l'activité électrique de leurs muscles. De ceux qui animent leurs ailes bien sûr, mais aussi de ceux qui dirigent leurs balanciers. Deux sortes de petits gyroscopes stabilisateurs reliés au thorax de tous les diptères, activés par des muscles minuscules et battant de façon asynchrone par rapport aux ailes. C'est ainsi qu'il s'est aperçu que les stimuli visuels animaient d'abord les muscles des balanciers avant d'activer ceux des ailes (1). Pour plus d'efficacité et de contrôle dans les déplacements rapides, semble-t-il. Ainsi, «lorsqu'un mâle poursuit une femelle par exemple, explique le chercheur, l'information visuelle qu'il reçoit serait transmise aux muscles des stabilisateurs pour qu'ils adaptent leurs battements de façon à rééquilibrer le corps. Et dans un deuxième temps seulement, l'influx nerveux parviendrait aux muscles qui commandent les ailes.» Ce qui expliquerait la rapidité de réaction sans perte de stabilité des mouches,