C'est une femme qui a décidé de jouer un tour à son destin. Née d'un
père indien quechua et d'une mère issue de la bourgeoisie rurale blanche péruvienne, elle aurait dû faire partie des seigneurs de sa vallée natale. Mais, du haut de son mètre 50, elle a préféré étudier les croyances et les lois qui régissent la Cordillère et le monde andin, en se lançant dans l'anthropologie. Chercheuse au CNRS depuis dix-sept ans, Olinda Celestino, 50 ans, fait partie du Laboratoire d'anthropologie sociale de Claude Lévi-Strauss, Elizabeth Copet-Rougier et Françoise Héritier et enseigne à l'université Paris-VIII à Saint-Denis. Mais, deux ou trois fois par an lorsque ses cours lui en laissent la possibilité et qu'elle trouve les fonds nécessaires , elle repart plusieurs semaines au Pérou pour plonger dans le quotidien des paysans indiens. «Pour travailler à partir de la réalité et ne pas m'attacher seulement aux documents.» En pleine montagne, elle n'est jamais vraiment une étrangère. Tant par son physique très quechua que par son attitude, réservée, accueillante et ferme, elle se fond dans le paysage. Elle parle un peu les langues locales (aymara, maya, quechua), connaît le poids des silences et sourit, avec cette franchise et cette force qui inspirent confiance et respect. Olinda est une scientifique qui adopte les croyances qu'elle observe. Pour elle, un chercheur est «quelqu'un qui comprend les comportements et qui les pratique». Quelqu'un qui «laisse vivre une croyance et qui tent