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Arcy-sur-Cure. Au fond de la grotte, depuis des millénaires, des dizaines de bêtes étaient tapies, invisibles. Puis, soudain, elles sont apparues. Le miracle des mammouths

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publié le 19 mai 1998 à 1h38

Arcy-sur-Cure (Yonne), envoyée spéciale

Il a un mois et demi et en réalité 28 000 ans. A condition de se tordre le cou et de lever les yeux, tout en évitant de prendre un coup de stalactite sur le crâne et de se fouler le pied dans les bourrelets de calcite qui tapissent le plancher de la grotte, on le découvre avec ravissement. Epais trait rouge d'oxyde de fer rehaussé de noir, c'est un bien joli mammouth d'une trentaine de centimètres qui était tapi là, depuis les temps préhistoriques, au plafond de la salle des Vagues, tout au fond de la Grande Grotte d'Arcy-sur-Cure. Ressuscité ce printemps, il exhibe une défense très recourbée, une petite queue relevée et des ergots au bas des pattes. Un charmant animal. Un miraculé. Rescapé d'une histoire si incroyable qu'elle confine à la fable. Il était une fois une série de cavernes dans la falaise calcaire, dominant la rivière baptisée Cure. Agréable vallée non loin d'Auxerre, et surprenantes grottes, certaines très fréquentées depuis le XVIIe siècle. Monsieur le comte de Buffon, flanqué de Daubenton, aurait par deux fois honoré les lieux de son auguste présence (1), un siècle après des amis de Colbert, dont Jacques de Cluny, lieutenant-général de Dijon. Aujourd'hui, 80 000 visiteurs s'enfoncent chaque année dans la Grande Grotte, l'oeil fasciné par les concrétions, sculptées goutte à goutte, particule calcaire après particule calcaire. S'ensuit un sinueux cheminement sur 500 mètres, entre colonnades et draperies de pierre, rebapt