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Libération

Volcans: des palourdes racontent. Leurs coquilles gardent les traces des éruptions sous-marines.

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publié le 19 mai 1998 à 1h37

Entre 1991 et 1996, les éruptions volcaniques sous-marines se sont

multipliées dans le Pacifique, au large du Mexique. Cette activité a été discrète, souvent imperceptible, mais il y a eu des témoins. Profitant des eaux réchauffées et des volutes soufrées projetées par les cheminées aquatiques, des palourdes étaient aux premières loges et ont gardé la mémoire des événements gravée dans leur coquille.

Comme ils cherchaient à retrouver la trace de ces éruptions, Stanley Hart et Jerzy Blusztajn, de l'Institut océanographique de Woods Hole (Massachusetts), ont décidé de déchiffrer ces archives vivantes (1). Les deux Américains ont donc prélevé des Calyptogena magnifica d'une vingtaine d'années à des profondeurs abyssales. Ils ont coupé les coquilles dans le sens transversal. Puis, de l'arrête, la partie la plus ancienne du coquillage, à la charnière, ils ont commencé leurs analyses chimiques. Avec des microsondes, ils ont relevé la composition précise de la coquille tous les demi-millimètres. «Le procédé ressemble beaucoup à une lecture que l'on peut faire à partir des anneaux concentriques sur une souche d'arbre, explique Stanley Hart. Avec cette technique, nous pouvons lire environ vingt ans de variations de température et de composition chimique de l'eau de mer, sur une seule coquille de palourde.»

Parce que, sous ses allures de gros mollusque passif, Calyptogena magnifica est un véritable agent de surveillance. Ce coquillage, qui vit à proximité des volcans sous-marins du golfe