En France, Jeremy Rifkin est devenu célèbre il y a deux ans avec la
publication de la Fin du travail, annonçant que les industries de l'information allaient engendrer des centaines de millions de chômeurs. Mais, aux Etats-Unis, cet économiste de 53 ans est connu comme le «taon de la biotechnologie». Qu'il s'agisse de breveter un gène, de tester une bactérie en plein champ ou de cloner un mouton, il est, depuis vingt ans, l'inévitable invité que les télés s'arrachent pour relancer le débat éthique ou prédire une catastrophe écologique.
Son postulat de base: la défense d'une nature bienveillante, voire bonne, contre des biotechnologies intrinsèquement mauvaises. Au service de cette cause, un flair infaillible pour repérer ce qui cloche, ou pourrait clocher, dans le progrès de la science en général et du génie génétique en particulier. Mais ce serait mal comprendre Rifkin que de croire qu'il n'est qu'un écologiste de base. En fait, celui qui a créé en 1977 la Foundation for Economic Trends, basée à Washington, a une double vie. Quand il n'est pas en train d'organiser une manifestation contre les mères porteuses ou l'hormone de croissance, il travaille pour les plus grandes banques et les plus grosses compagnies d'assurances américaines, il est appelé comme consultant dans le monde entier: par les syndicats (italiens et allemands) et les chefs d'Etat (Argentine, Finlande, Uruguay). Et, surtout, il enseigne l'économie aux futurs chefs d'entreprise à la très prestigieuse Wharton S