«Le meilleur.» Pour Daniel Kunth, de l'Institut d'astrophysique de
Paris, le Very Large Telescope qui a ouvert ses yeux géants sur l'Univers cette nuit au Chili «la première lumière», disent poétiquement les astronomes mérite ce qualificatif. Du moins lorsqu'il sera au complet, avec ses quatre grands miroirs de 8,20 m de diamètre et ses trois petits télescopes auxiliaires. Soit, dans le meilleur des mondes financiers, en 2005. Innovant, construit sur un site idéal, il matérialise l'ambition de l'astronomie européenne: rivaliser enfin avec les instruments d'Outre-Atlantique, au top niveau mondial.
Sujets «chauds». A la fin des années 80, l'ESO, Observatoire européen austral (1), lance un défi aux ingénieurs. Passer à une nouvelle génération de télescopes: finis les 4 à 5 m de l'après-guerre, les miroirs devront dépasser les 8 m. Les Américains et les Japonais relèvent le défi: à Hawaii, ils construisent des télescopes de 8 à 10 m (2). Les astronomes européens, s'ils veulent continuer la course en tête au début du prochain millénaire, s'autorisent un coup de poker pour convaincre les gouvernements de passer à la caisse: un énorme projet de quatre télescopes de 8,20 m. Avec une arme secrète au nom barbare, l'interférométrie. Un dispositif qui permet d'unir les surfaces collectrices de photons des quatre télescopes et de réaliser des images d'une précision 50 fois celle du télescope spatial Hubble que n'atteindront pas les concurrents (voir infographie). «A l'ESO, on dit: