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Libération

Par-delà les nuages

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Le VLT a été construit dans l'une des régions les plus arides du monde où le ciel est bleu 350 jours par an.
publié le 26 mai 1998 à 2h12

Mont Paranal envoyée spéciale

Il n'y a rien ou si peu. De la pierraille, encore de la pierraille, des ondulations couleur pêche et, au milieu de ce nulle part, la piste, toute droite et traîtresse, avec les camions précédés de leur nuage de poussière et les petits cailloux qui, en un clin d'oeil, font valser les 4x4 cul par-dessus tête. Santiago est loin au sud, à 1 300 km par la route 5, la Panaméricaine qui descend le long du Pacifique. Au nord, à 80 km, quasiment sous le tropique du Capricorne, le port d'Antofagasta et ses cargos rouillés. Ici, le ciel bleu. Inexorablement bleu, plus de 350

jours par an. Et les étoiles, la nuit, qui brillent si ardemment qu'elles en donnent du volume à la voûte céleste. C'est bien pour cela que le Very Large Telescope(VLT), le plus grand télescope européen, a été construit sur ce mont du Chili, le Paranal, 2 664 mètres, protégé de toute nébulosité. Le phénomène est surprenant: roulant à 2000 m d'altitude sur un plateau, on se croirait en plaine. Or, à l'horizon ouest, qu'aperçoit-on? Une mer de nuages en contrebas! La langue cotonneuse de ces neblinas ne culmine qu'à 1 000 m grand maximum, la condensation ne montant pas plus haut, comme piégée au ras des flots du Pacifique par le froid courant de Humboldt qui lèche la côte. Et comme, à l'est, la cordillère des Andes joue les barrières contre l'humidité de l'Amazone, voilà l'un des endroits les plus arides de la planète, le désert d'Atacama.

C'est en 1987 que l'idée a germé d'installer le VL