Vérone, envoyée spéciale.
«La science nous angoisse», n'ont cessé de répéter les enseignants à l'académicien et astrophysicien Pierre Léna, qui a rencontré ces derniers mois des dizaines d'instituteurs et de professeurs dans le cadre d'une opération pédagogique baptisée «La main à la pâte». Et constaté que «la science est largement absente des apprentissages des élèves de 5 à 12 ans». Oui, l'angoisse est là, dit en écho le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine. Surtout depuis que la science elle-même a découvert la «fin des certitudes» (1), obligeant le monde et ses décideurs, ses penseurs, ses scientifiques à «confronter l'incertain». Avec une conscience nouvelle: «La Vérité est à construire.»
Ce constat a été réaffirmé à Vérone (Italie), où s'est tenu, les 22 et 23 mai, un séminaire intitulé «Sciences et valeurs», mis en oeuvre pour l'Unesco par l'association Descartes et aux travaux duquel Libération s'est associé (2). Ce en préparation de la Conférence mondiale sur la science pour le XXIe siècle, à Budapest en 1999 (lire ci-dessous). «Un nouveau contrat doit être établi entre science et société», insiste Augusto Forti, conseiller spécial du directeur général de l'Unesco, citant le Nobel Dennis Gabor: «Notre civilisation actuelle est fondée matériellement sur une technologie extraordinairement performante et, spirituellement, sur presque rien» (3). D'où une suspicion croissante (environnement, génétique, clonage), alors même que la société désire toujours bénéficier des bienf