La Descente de Croix de Rubens vient d'arriver de Valenciennes.
Personne ne sait encore quand le tableau repartira, mais en attendant il repose au musée du Louvre, à 12 mètres sous terre, dans le Laboratoire de recherche des musées de France (LRMF) [1]. Bien au calme, bien au frais (pas plus de 18 °C), bien au sec (pas plus de 55% d'humidité dans l'air), ses 8 m2 adossés contre un mur du laboratoire, il attend le verdict des scientifiques. Comme environ 2 000 oeuvres d'art chaque année, la toile du maître flamand va passer entre les mains des ingénieurs, chimistes et physiciens du LRMF. Et, comme tous les tableaux, statues et céramiques confiés au labo par les musées de France, elle va livrer les secrets de son histoire grâce aux rayons X et au microscope électronique à balayage. Parce que, dans les 5 000 m2 de leur labo , les scientifiques ne restaurent rien. Ils utilisent les techniques de la chimie et de la physique pour expertiser les oeuvres, faire leur bilan de santé et traquer leurs secrets de fabrication et de création, avant qu'elles soient restaurées ou achetées par d'autres musées. «Il existe très peu d'endroits comme celui-là, qui réunissent à la fois des physiciens, des historiens et des chimistes», affirme Patrick Le Chanu, conservateur du patrimoine au LRMF.
Ici, les scientifiques sont sous le charme et les historiens d'art aussi. Grâce à leurs outils, ils vont deviner, sous le tableau terminé, les premières esquisses, les hésitations ou la crainte de la toil