Avec leur nouveau gène humain, les souris de Michael Crognale,
chercheur en psychologie, et de Samir Deeb, professeur de génétique à l'université Washington, vont enfin pouvoir différencier le rouge des autres couleurs, tout en sachant que pour ces rongeurs les couleurs ne sont perceptibles que dans une palette de gris. En effet, si avant elles discernaient des lueurs ultraviolettes, alors que l'être humain ne les voit pas, leurs pigments rétiniens ne percevaient pas les grandes longueurs d'onde. Pour elles, au-delà du vert tout était du même gris, alors qu'en deçà chaque couleur correspondait à un gris différent. Incapables de différencier la mimolette du gruyère. Et avec leur vue déjà basse, les contours des objets leur semblent imprécis, comme plongés dans l'obscurité.
«Les yeux des rongeurs ne possèdent que des pigments du type rhodopsine», explique Michel Imbert, professeur de neurosciences de la vision à l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Ils sont sensibles à toutes les longueurs d'onde et permettent de voir les objets, «mais, continue le chercheur, ils ne rendent pas possible leur vision en couleurs. Pour cela, il faut d'autres sortes de pigments rétiniens spécifiquement sensibles à certaines régions du spectre.» Des pigments spécialisés dans les petites longueurs d'onde, que le cerveau traduit en bleu, d'autres sensibles aux longueurs moyennes pour le vert et d'autres encore pour le rouge et les grandes longueurs . C'est pour combler cette lacune que les chercheu