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Libération

Avant la «Conférence de citoyens sur l'utilisation des organismes génétiquement modifiés en agriculture» les transgeniques poussent-elles trop vite? Alors que l'industrie fait le forcing sur les plantes modifiées par génie génétique, l'Inra publie un dossier relevant les incertitudes et appelant à la prudence.

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publié le 16 juin 1998 à 3h39

«Une grande prudence s'impose devant une innovation majeure aux

impacts encore peu connus». L'«innovation», c'est la manipulation génétique du vivant, celle qui permet notamment de créer des plantes transgéniques. La phrase ne sort pas du livre d'un militant écologiste. Elle est signée par Guy Paillotin et Paul Vial, respectivement président et directeur général de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Elle ouvre le dossier sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) que vient de publier l'Institut et où s'expriment une quarantaine de ses chercheurs (1). Consacré pour les deux tiers aux problèmes potentiels posés par les plantes transgéniques- les animaux et les bactéries manipulées se partageant le reste- , il «fait le point des connaissances acquises, repère les lacunes et les incertitudes du savoir actuel». De fait, c'est une véritable anthologie du doute que publie l'Inra au moment précis où les plantes transgéniques font l'objet d'un débat public, où les géants de l'agro-chimie - qui ont misé des millions de dollars sur leur mise au point- affichent dans tous les médias leurs certitudes sur les bienfaits de ces végétaux et où des mouvements écologistes réclament un moratoire. L'Inra, si souvent convoqué comme expert sur la question, si souvent contesté pour ses liens avec l'industrie, passe en revue les atouts de la technologie et rélève, au fil d'un dossier d'apparence lisse et balancée, des inconnues épineuses. «Entre l'immobilisme et l'irrespo