Le bacille de Koch, responsable de la tuberculose et de 3 millions
de décès annuels dans le monde, a donné du fil à retordre à Stewart Cole, chef de l'unité de génétique moléculaire bactérienne de l'Institut Pasteur (France), et à Bart Barell, du centre Sanger Wellcome Trust (Royaume-Uni). Mais les deux chercheurs en sont venus à bout: après six ans d'un travail répétitif et avec l'aide de 40 autres scientifiques, ils viennent de décrypter son patrimoine génétique et de trouver l'enchaînement exact des paires de bases qui composent l'ADN de Mycobacterium tuberculosis (1). Soit quelque 4 411 529 motifs chimiques appariés deux à deux. L'une des plus vieilles bactéries vivant sur Terre devient ainsi la deuxième plus grosse bactérie à avoir été séquencée, après Escherichia coli, impliquée dans les gastro-entérites.
Mais Stewart Cole et Bart Barrell n'ont pas seulement déchiffré le génome de cette bactérie, ils ont aussi voulu savoir ce que ce long texte chimique exprimait. Pour qu'il leur révèle ses systèmes d'attaque et de défense, et pour pouvoir mieux les déjouer. L'interprétation a commencé au mois de janvier de cette année. Les chercheurs ont d'abord recensé 4 000 gènes dans l'ADN du bacille de Koch. Mais, surtout, ils ont découvert chez lui deux propriétés bien particulières. «Plus de 10% de son génome est consacré à la production de deux familles de protéines (PE et PPE), d'un type nouveau. Leur structure n'avait jamais été vue, et on ignorait leur existence. Ces protéines