Targassone envoyé spécial
Corbeaux. Obscurité. Vide vertigineux. Béton brut et vieille carcasse métallique. Craquements insolites. Grincements d'un ascenseur hors d'âge. «Hitchcockien" non?» commente Bernard Degrange. Perché en haut de cette tour de béton de près de cent mètres, hideuse cicatrice sur les pentes herbues parsemées de blocs de granite et peuplées de ces petits chevaux trapus des Pyrénées, on doit bien avouer un léger malaise. Et l'on s'interroge. Mais que fait donc ce physicien de l'Ecole polytechnique dans cet exemplaire nauséeux d'archéologie industrielle? De surcroît planté en pleine nature, à quelques kilomètres de la station de ski de Font-Romeu" C'est que la centrale solaire Thémis d'EDF une expérience des années 70 arrêtée depuis plus de dix ans connaît une étrange deuxième vie. On y captait le photon solaire, abondant ici, à l'aide d'un curieux champ de miroirs mobiles, les héliostats, qui concentraient les rayons de notre étoile sur une énorme chaudière hissée en haut de la tour. Très écolo comme idée, mais dont le destin industriel raté se lit dans un «gabuzomeu» shadokien, rageusement gravé sur une paroi métallique rouillée. A la fin des années 80, EDF dé-saffecte l'usine, et s'apprête à rendre les lieux le «chaos de Targassone» est un site classé au tourisme vert. C'est alors qu'un coup de fil entre deux astronomes va l'orienter vers d'autres photons, traces fugaces de cataclysmes cosmiques.
«C'était en 1986», se rappelle Philippe Goret, astr