Péchés capitaux. C'est ainsi que Robert Bell, économiste américain,
professeur à City University (New York), qualifie les errements de la haute technologie. Dans son dernier livre (1), il dresse une typologie en sept points des champions européens du vice hi-tech. On y trouve des noms connus, avec le tunnel sous la Manche (2), l'avion spatial européen mort-né Hermès, le réacteur Superphénix ou l'avion de chasse Eurofighter. Revue de péchés et attribution du palmarès.
Premier péché capital, «l'abolition des contrôles». Qui en est le champion?
Décernons la palme à la fusée Ariane 5 dont le premier exemplaire explosa en vol le 4 juin 1996. Les responsables de ce programme ont littéralement inversé la méthode scientifique. Le logiciel fautif, récupéré d'Ariane 4, a été considéré comme bon jusqu'à preuve du contraire, alors que la bonne méthode aurait consisté à prendre acte que, le contexte d'usage ayant changé, il fallait contrôler l'efficacité du logiciel avant son utilisation. C'est exactement le même type de processus qui a abouti à l'explosion de la navette Challenger, en 1986, avec sept personnes à bord.
Et pour le «développement simultané», construire un objet avant de l'avoir entièrement conçu?
Deux ex aequo: Superphénix et le tunnel sous la Manche. Pour le premier, les responsables du programme nucléaire français, par ailleurs une réussite, se sont lancés dans la construction en bâclant la conception. C'est ainsi que des travaux sur la sécurité, la lutte contre les feux de