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Libération

Visite de Down House, maison restaurée du naturaliste. Ou Darwin evolua.

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publié le 23 juin 1998 à 4h09

Kent envoyée spéciale

Juin 1998. Il pleut sur Down House, demeure cosy et cossue du Kent, perdue dans une campagne anglaise, vingt-six kilomètres au nord de Londres. Depuis longtemps déjà, Parslow, le maître d'hôtel, n'ouvre plus la porte. Polly, le fox-terrier, n'aboie plus. Les enfants ne regardent plus le mûrier par la fenêtre de leur salle de classe. Emma ne joue plus sur son Broadwood les morceaux que Chopin lui avait appris. Charles n'observe plus à la dérobée les visiteurs grâce à un petit miroir. La famille en a fini de ses curieuses expériences. Les vers de terre ne sont plus conviés dans le salon à écouter du basson, du piano ou de simples cris pour un test d'audition. Les corps de pigeons ne sont plus disséqués sur la table de billard. Dans la serre, plus personne n'observe les plantes carnivores en pleine digestion d'un insecte.

Pourtant, depuis avril, Down House, près du petit village de Downe, revit. Ressuscitée par l'English Heritage (le Patrimoine anglais) à grand frais (2 millions de livres, soit presque 20 millions de francs) et avec autant de minutie que celle dont fit montre le maître des lieux: Charles Darwin lui-même, né à Shrewsberry (Shropshire) en 1809, mort et inhumé en l'abbaye de Westminster en 1882. L'homme par qui le scandale arriva. Le scientifique qui, en cette ère victorienne, bâtit le concept très choquant d'évolution et nous raccrocha inexorablement au singe. «D'ordinaire, nous ne restaurons pas ce type de maison. Son contenu n'a rien de lux