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Libération
Éditorial

Generation in vitro. Révolution «procréatique».

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publié le 30 juin 1998 à 4h40

Le 26 juillet 1978, à 23 h 45, une petite fille naissait par

césarienne, à l'hôpital d'Oldham, dans la banlieue de Manchester, en Angleterre. Un bébé ordinaire. Un événement sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Son nom a fait le tour du monde en un jour: Louise Brown. Elle était le premier enfant conçu hors du corps d'une femme, le premier bébé-éprouvette. Huit mois et demi auparavant, deux praticiens britanniques, Patrick Steptoe et Robert Edwards, avaient recueilli le sperme de John Brown, ponctionné un ovule de Lesley Jones, placé le tout dans un milieu de culture. Un spermatozoïde avait fécondé l'ovule, l'embryon avait été transféré in utero. Après une gestation heureuse, madame Jones, alors condamnée à la stérilité par une obstruction des trompes, enfantait. L'aventure de la «Fiv», la fécondation in vitro, commençait. Elle a accouché d'une révolution médicale et éthique.

En vingt ans, l'«assistance médicale à la procréation» a repoussé les frontières de la stérilité et fait la joie de milliers de couples. Elle a, dans le même geste, brisé les lois naturelles de la reproduction et engendré des scandales inédits: une mère porte le bébé de sa fille, une femme accouche d'un enfant conçu avec le sperme congelé de son mari défunt, tandis que prospère, çà et là, le commerce des ovules, spermatozoïdes et ventres de mères porteuses.

S'alliant à présent les forces de la génétique, la Fiv promet d'autres rêves, d'autres cauchemars. Tester des embryons in vitro pour éviter la