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Libération

Le grand saut de puce du Pr Warwick

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Un cybernéticien anglais vient de réussir la greffe de la machine sur l'homme. Et ce n'est qu'un début...
publié le 15 septembre 1998 à 9h38

Malgré un emploi du temps taillé au cordeau, le professeur Kevin Warwick sourit, dit bonjour en français avec l'accent prévisible et, en bon archétype de Dr Nimbus bordélique, cherche en vain un compte-rendu de réunion pour son assistante. Celui que la presse britannique a baptisé «Kevin, le premier cyberman», «le professeur Cyborg» ou encore «Mr. Puce» est on ne peut plus humain et semble en parfaite santé (Libération du 30 août). Seule une tache un peu violacée, à la pliure intérieure du coude gauche, témoigne de l'expérience inédite que ce cybernéticien de 44 ans, bâti comme un déménageur, a tenté une semaine plus tôt. Le 24 août, sous anesthésie locale, son médecin personnel, le Dr Georges Boulos, lui a vrillé entre la peau et les muscles du bras une petite capsule de verre, longue de 23 millimètres et large de 3, contenant une puce informatique de 64 bits et un circuit électromagnétique (voir infographie). Celui-ci, en présence de détecteurs-émetteurs installés dans un bâtiment de l'université de Reading, à l'ouest de Londres, active la puce qui transmet alors un signal radio relayé par les capteurs vers un ordinateur central. «Bonjour». Les lecteurs du tabloïd The Sun ou du très sérieux The Independent se frottent les yeux en lisant le compte-rendu de l'expérience: quand le scientifique et son petit implant se présentent devant une salle dite «intelligente», aménagée dans le département de cybernétique, une voix artificielle lui souhaite plaisamment: «Bonjour, professe