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Libération
Portrait

Maxim Kontsevitch, 34 ans, formé à la grande école russe et professeur à l'Institut des hautes études scientifiques, vient de recevoir la prestigieuse médaille Fields. Le gosse des maths.

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publié le 15 septembre 1998 à 9h39

Si jeune. Si lisse. Et ce grand pull à torsades jaune poussin. Il a

l'élocution difficile, un parler à la fois rocailleux et mouillé, tout droit venu de Moscou. Droit comme l'est aussi son regard brun, qu'il darde à l'occasion, quand il cherche l'expression juste. Maxim Kontsevitch, le Russe-qui-vit-en-France-et-vient-de-recevoir-la-médaille-Fields-prix-Nobe l-des-maths, n'a que 34 ans (1). En paraît dix de moins. Et fait figure de petit génie. «Problem solver» («doué pour résoudre les problèmes»), atteste Jean-Pierre Bourguignon, directeur de l'Institut des hautes études scientifiques (IHES), sis à Bures-sur-Yvette dans le sud de Paris, panthéon mathématique français où professe Maxim depuis trois ans. Coup de maître. A preuve, cette histoire, qui remonte à 1990. Maxim était à Bonn, invité pour trois mois de l'Institut Max-Planck. «Je n'y ai pas fait grand-chose, sauf dans les trois derniers jours», estime-t-il. Se tient alors un petit congrès, un Arbeitstagung, où environ quatre cents mathématiciens discutent de problèmes. Rien de formel, ces messieurs (les femmes sont rares) parlent de ce qu'ils veulent. Justement, le célèbre sir Michael «médaille Fields» Atiyah expose une conjecture, un théorème supposé vrai mais que personne n'a pu démontrer. La chose résiste parfois sacrément, telle la célébrissime conjecture de Fermat (2), pour laquelle les meilleurs esprits se sont empeloté les neurones trois siècles durant. Sir Atiyah, donc, expose le problème. Maxim Kontsevitch éc