Marseille envoyé spécial
Ils n'avaient pas le moral, les quelque cinq cents physiciens et ingénieurs réunis du 7 au 10 septembre à Marseille (1). Iter International Thermonuclear Experimental Reactor l'énorme projet mondial qui vise à dompter la fusion thermonucléaire, cette énergie qui fait briller les étoiles, ne parvient pas à décoller.
Il y a une dizaine d'années, les spécialistes pensaient tenir le bon bout. Reagan et Gorbatchev avait fait d'Iter un symbole de la coopération post-guerre froide. Les physiciens assuraient qu'après quarante ans d'expériences, ils pouvaient concevoir un réacteur où, dans un gaz d'hydrogène isolé par des champs magnétiques, la fusion nucléaire dégagerait une énergie convertible en électricité. Aujourd'hui, Robert Aymar, le directeur du projet qui partage sa vie entre Berkeley (Californie) et d'incessants voyages au Japon, en Europe et en Russie, rêve de cette machine «aussi vaste que Saint-Pierre de Rome», dont la seule construction coûterait 40 milliards de francs. «C'est la bonne machine», assure-t-il, mais «les gouvernements ne veulent pas la financer.» Aussi s'était-il replié au début de l'année sur une solution de remplacement concoctée en catastrophe: trois ans d'études supplémentaires pour un Iter-light de 20 milliards. Moins cher mais incapable de fournir une réaction de fusion autoentretenue pendant plusieurs minutes. Et Aymar de regretter que cet Iter-light soit tout juste capable de produire «dix fois plus d'énergie que ce qui