Des coccinelles à la place des pesticides, des centaines de petites
bestioles rouge et noir protégeant les courgettes ou les concombres des pucerons: cette vision a pris forme depuis 1986 dans le cerveau d'André Ferran et de Ludovic Giuje, du laboratoire de biologie des invertébrés de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) à Antibes. Car la coccinelle est un excellent prédateur de pucerons; d'ailleurs, nombre de particuliers et de services municipaux ont commencé de l'adopter pour leurs plantes. Seulement, volage et très bonne «voleuse», la bête à bon Dieu ne termine pas le travail commencé, toujours en quête de nouveaux horizons. De surcroît, les larves, également très polyphages, ne durent malheureusement que dix jours. Alors André Ferran n'a eu de cesse d'obtenir une coccinelle qui ne sache pas voler.
En 1996, il l'a créée en faisant ingérer aux coléoptères une substance chimique provoquant des mutations génétiques, puis en sélectionnant les mutantes qui ne volaient pas. Comme un mois suffit pour passer d'une génération à une autre, il a réussi à constituer toute une population de coccinelles «marcheuses».
Dans un deuxième temps, en 1997, il a trouvé une espèce chinoise (Harmonia axyridis) chez qui la mutation s'est faite naturellement: «Un jour, un gène s'est modifié, on ne sait ni pourquoi, ni quand. Sans intervention chimique, j'ai seulement accéléré la fréquence des individus qui ne volaient pas avec un procédé de sélection, explique Ferran, qui préfère n