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Repères

Dessins à dessein.

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publié le 29 septembre 1998 à 10h42

Pourquoi donc allaient-ils dessiner au fond des grottes? Depuis que

l'existence d'un art préhistorique a été reconnue au début du siècle, trois hommes ont proposé leur grille d'interprétation, chacune faisant scandale. Dans les années 30, l'abbé Breuil, un des papes de la préhistoire en France, a, le premier, simplement fait accepter l'idée que l'art rupestre avait une signification. S'inspirant des théories d'un certain Salomon Reinach sur la magie de la chasse, l'abbé Breuil complète l'hypothèse: l'homme préhistorique essaye de survivre dans un monde hostile et représente sur les parois les animaux qu'il chasse, pensant peut-être les capturer plus facilement ainsi. Cette théorie explique pourquoi beaucoup d'animaux sont représentés blessés. En 1965, André Leroi-Gourhan propose une tout autre lecture des dessins. Il passe toute la grotte au peigne fin, répertorie tous les détails. Et suivant les travaux d'Annette Laming-Emperaire, il voit un monde bipolaire, fondé sur un couple masculin (le cheval) féminin (le bison). Les traits longs gravés sur la paroi évoquent des pénis, les traits pleins une vulve. A son époque, Leroi-Gourhan le structuraliste s'est même fait traiter d'obsédé sexuel.

Depuis 1996 et la publication du livre les Chamanes de la préhistoire. Transe et magie dans les grottes ornées, Jean Clottes, le troisième homme, ne s'est pas fait que des amis. L'idée d'une vision chamanique de l'art rupestre revient à l'archéologue sud-africain David Lewis-Williams, qui, c