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Interview

Jean Clottes : «Pour une découverte, il y a vingt sites que nous ignorons»

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Entretien avec Jean Clottes, spécialiste des grottes ornées, dont Cosquer et Chauvet, qui publie un recueil de ses articles: «Voyage en préhistoire».
publié le 29 septembre 1998 à 10h39

«Plus grande est la découverte, plus grands seront les ennuis.» C’est en connaisseur que le préhistorien Jean Clottes énonce cette «loi scientifique» d’un genre un peu spécial. Car monsieur le conservateur général du patrimoine a été servi en découvertes majeures, médiatiques, et donc aussi piquantes que des cactus pour leurs «inventeurs»: en 1991, ce fut la grotte Cosquer, cavité miraculeusement préservée non loin de Marseille, à l’accès réservé aux plongeurs expérimentés et autour de laquelle il y eut polémique sur l’authenticité. En 1994, la grotte Chauvet, merveille des merveilles de 30 000 ans d’âge dont il dirige aujourd’hui l’exploration (alors qu’un procès se poursuit à propos de l’indemnisation des propriétaires), et dont la découverte a provoqué une telle embrouille que les spéléologues français pourraient bien être désormais dégoûtés de faire connaître leurs précieuses trouvailles! Le 28 octobre, Clottes va retourner avec son équipe dans le sous-sol ardéchois après y avoir passé une première quinzaine de jours en juin (1).

Aujourd’hui, à l’occasion de la publication de son livre Voyage en préhistoire, ce natif des Pyrénées nous raconte ses joies fulgurantes, ses tristesses formidables et les étonnements obligatoires de l’archéologue, spécialiste des grottes ornées. Parler rocailleux, œil rieur, Clottes promet, à 65 ans, de mener une retraite extrêmement active. D’autant qu’il y a deux ans, il n’a pas hésité à jeter un pavé dans la mare des préhistorie