Quelle différence entre l'homme et le chimpanzé ? Evidente. Même les plus myopes, les plus distraits, confondent rarement leur voisin avec un échappé de la ménagerie. L'homme se balance rarement à une branche et il est, de surcroît, souvent allergique aux cacahuètes. Le singe ne dévore pas le rapport Starr et se fiche des 35 heures. Bref, la question fleure l'insulte au sens commun. Elle vaut pourtant 6,6 millions de francs. C'est le budget dont dispose désormais l'institut Max-Planck pour l'étude de l'évolution anthropologique, nouvellement créé à Leipzig (Allemagne), pour trouver la réponse. L'équipe du généticien Swante Pääbo, réputé pour ses études de l'ADN des fossiles, y travaille déjà, en comparant les gènes des deux espèces.
Ecart ténu. Le projet paraît dément tant la distance est immense. Il est simplement raisonnable. Vu du zoo, un gouffre sépare l'homme du chimpanzé. Vu de l'arbre de l'évolution, même si le chimpanzé est le plus proche cousin de l'homme, tous deux classés dans les primates simiens catarrhiniens (aux narines rapprochées), quelques millions d'années d'évolution (entre 4 et 14, selon les calculs) les séparent de leur ancêtre commun. En revanche, vu du labo, l'écart est très ténu. Les biologistes s'accordent depuis une vingtaine d'années à estimer qu'Homo sapiens sapiens et Pan troglodyte ont un patrimoine génétique identique à quelques détails près. Autrement dit, le propre de l'homme, n'en déplaise à Rabelais, tient à quelques rares