Marseille envoyé spécial
Dans sa jeunesse, il a eu presque simultanément le coup de foudre pour Mao Zedong et l'Afrique. La passion pour le Grand Timonier s'est éteinte sans reniement indécent au milieu des années 70. Le contrat amoureux avec le continent noir a nettement mieux résisté à l'usure du temps.Vendredi Jean-Pierre Olivier de Sardan, 57 ans, dont presque la moitié consacrée à l'ethnologie africaniste, s'est envolé une nouvelle fois pour Niamey. Pendant deux semaines, il va poursuivre une étude entamée depuis des années sur les représentations des maladies dans certaines ethnies. Une «anthropologie de la santé» aux conséquences très pratiques: aider les soignants, notamment ceux des ONG, à mieux comprendre les soignés. L'ex-«révolutionnaire professionnel» cumule aujourd'hui les titres prestigieux, directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Marseille, mais il est resté fidèle à au moins un précepte maoïste: «Qui n'a pas fait d'enquête n'a pas droit à la parole.» Cela concernerait selon lui beaucoup trop de collègues de sa génération. «Ils pensent être quittes après un ou deux déplacements. C'est une erreur. Seul le terrain nous donne notre légitimité.»
Le fleuve du bonheur. Lui ne compte plus ses voyages en Afrique de l'Ouest et plus particulièrement au Niger. La première fois c'était au mois de janvier 1965. Après trois années à Sciences Po, le jeune Languedocien monté très tôt à Paris où son père