L'écologie industrielle fait fureur dans les universités américaines
et dans de chic clubs d'affaires, où des chefs d'entreprise new-look revisitent les bonnes résolutions prises par un petit clan de patrons «éclairés» (1) au Sommet de la Terre de Rio, en 1992. L'approche environnementale classique prévalait alors: traiter les pollutions des entreprises et des ménages avant de procéder à des rejets dans l'environnement, limiter la quantité de déchets avant de les enfouir ou de les incinérer, et, tant qu'à faire, prévenir la pollution à la source en développant des technologies propres.
Lobbies. Cette approche, qui vise à minimiser les impacts du système industriel sur le «dehors», sur «l'environnement», n'est pas la bonne, assurent les théoriciens de l'écologie industrielle. Principalement, résume Erkman, «parce qu'elle coûte de plus en plus cher, pour diminuer une proportion de plus en plus faible de polluants», et qu'elle induit des effets économiques pernicieux: «Lorsque la pollution elle-même devient un énorme marché, le lobby de la dépollution s'efforce d'étouffer dans l'oeuf toute tentative de stratégie préventive.»
Selon Suren Erkman, c'est simple: en consommant des matières premières et de l'énergie, l'activité industrielle dépend entièrement des «ressources et services fournis par la biosphère», dont «le système industriel constitue, en quelque sorte, une excroissance». Il suffit d'envisager ces flux de matières en transformation et recombinaison perpétuelles «comme un